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En vadrouille sur le sous-continent indien
21 décembre 2006

De Goa a Varkala

Sab a la plage II

Apres 5 jours fort sympathiques a Arambol passes en la compagnie de Sarah et Matthew, des Californiens, suivis d'une courte escale a Panaji (la capitale de Goa), je me rends a Palolem, la plage la plus idyllique de Goa. Jolie plage bordee de cocotiers, mais on est loin du paradis decrit par certains voyageurs. L'endroit est certes tres agreable pour lezarder, faire le plein de poisson, de viande - je suis vegetarienne ici vu que la viande n'est pas toujours sure - et de musique occidentale (je maudis la personne qui me prive de musique, que ce soit le vendeur du fameux Ipod jamais arrive, La Poste ou ma sorciere de concierge), mais l'ensemble est tres artificiel. Les hippies qui ont fait la gloire de Goa il y a 30 ans errent maintenant a la recherche de leur paradis perdu.

Bref, je fuis vite Palolem pour la belle plage d'Om Beach, a Gokarna, dans le Karnataka. J'ai du mal a trouver un toit pour la nuit : Om Beach, bien que de plus en plus touristique, est encore tres peu developpee et les hotels sont tous complets. J'elis domicile dans la toute derniere guesthouse de la plage, qui jouit de la meilleure vue mais est un peu isolee, surtout le soir, quand la maree est haute.

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Le confort est minimal : pas d'electricite, et plus basique que ma minuscule hutte, tu meurs; le matelas est pose a meme le sable et il n'y a ni table, ni chaise. La salle de bain commune consiste en une hutte a ciel ouvert qui ferme a peine, avec un seau rempli d'eau pas tres claire et glacee. Je me suis habituee a me laver au baquet, mais d'habitude, il y a un robinet. Quant aux WC, pas de surprise : des toilettes turques, pas de PQ, un seau d'eau en guise de chasse d'eau. Le prix est imbattable : 75 Rs, soit a peine plus d'1 euro. L'absence de confort ne me gene pas outre mesure (quoique la douche glacee a l'eau sale me donne envie de mettre mon shampooing en greve), mais l'isolement oblige, une fois la nuit tombee, a se cantonner au restaurant de l'hotel (car ma torche ne fonctionne pas). J'envisage de tenter ma chance dans un des seuls hotels dotes d'electricite, complet a mon arrivee, des le lendemain matin. De plus, mon infection urinaire a fait son come-back et les toilettes sont difficiles d'acces.

Finalement, le lendemain, par fleme de retraverser toute la plage avec mon sac de 15 kg sur le dos, je decide de rester. Une hutte eclairee a la lueur d'une bougie, finalement, c'est plutot romantique, meme si mes couvertures puent la pisse (pas la mienne). Je fais connaissance avec mes voisins de hutte : une Espagnole, un Francais, un Allemand, un Catalan et deux Australiens. Ici, c'est un peu l'auberge espagnole et de nombreux voyageurs viennent prendre une biere, deguster un thali (delicieux plat national a base de riz, de sauces et de legumes) ou juste admirer la vue.

L'ambiance de l'hotel reflete l'ambiance generale d'Om Beach, tres shanti. Les gens sont detendus et lient facilement connaissance. Gokarna correspond certainement a ce qu'etait Goa il y a 30 ans. Bien sur, sur la plage, on croise plus de Blancs que d'Indiens, mais on est a des annees-lumieres de l'aspect commercial de Goa. La ville se trouve a 45 minutes a pied et la plage ne compte que quelques hotels et restaurants. Seuls une poignee de vendeurs de colliers et autres faux-masseurs-tripoteurs viennent donc nous harceler.

Il me reste peu de temps avant l'arrivee des filles et je suis sacrement loin du Kerala. Sur la carte, je ne suis meme pas a mi-chemin entre Bombay et Varkala, alors que j'ai commence mon voyage il y a environ 6 semaines ! Je reserve un billet pour Mysore, mais je suis sur liste d'attente et la place me passe sous le nez. Paralysee par l'indecision, je decide de prolonger mon sejour a Om Beach de quelques jours.

Vivre sans electricite s'avere une experience interessante puisqu'on realise que... c'est tout a fait possible et pas si desagreable ! Depuis le debut de mon voyage, j'ai appris a vivre avec avec le moins possible, sans chichis. Tant pis si je ne trouve pas mon shampooing prefere, tant pis si je porte constamment les memes affaires, tant pis si elles sont sales car je n'ai pas pu les laver, tant pis si j'ai les pieds noirs. A Gokarna, admirer les etoiles en ecoutant le clapotis des vagues me suffit.

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Retour dans les terres

Mardi 20 decembre, je me leve aux aurores et prends un bus pour Mysore, toujours dans le Karnataka, mais dans les terres. J'effectue la route avec une Francaise rencontree la veille. Peu avant mon arrivee, je m'engueule avec l'Indien assis derriere moi qui a pris la liberte de me tripoter. C'est la troisieme fois que ca m'arrive recemment. Ils voient une Blanche et hop, ils s'imaginent que c'est la fete du slip. Non seulement ils ont une vision completement faussee des Occidentales, qu'ils prennent pour des depravees (a cause des images vehiculees par la television, et de certaines touristes vetues de facon indecente alors que le pays est tres conservateur), mais en plus, a cause des mariages arranges, les celibataires sont frustres (pas de sexe avant le mariage). L'Occidentale represente donc pour eux un moyen d'evacuer leurs frustrations.

Bref, je debarque a Mysore apres un interminable trajet de 15 heures. Pour la premiere fois depuis plusieurs semaines, me voici a nouveau dans une grande ville. Je retrouve la foule, le bruit, la poussiere et la pollution. Je me surprends a etre beaucoup plus a l'aise qu'il y a quelques temps. Ma premiere soiree a Bombay me parait maintenant bien loin. Ces quelques semaines passees loin du chaos habituel de l'Inde m'ont fait le plus grand bien et m'ont permis de prendre du recul et de l'assurance. Le debut a ete ardu parce que le Maharashtra, qui fait pourtant partie de l'Inde du Sud, semble avoir plus de similitudes avec l'Inde du Nord, reputee beaucoup plus difficile pour les voyageurs. Depuis que je suis dans le Karnataka, les regards persistants et derangeants se font en effet bien plus rares et je trouve mon voyage beaucoup plus facile. Je suis plus confiante et me sens mieux armee pour faire face aux eventuelles difficultees.

Comme d'habitude, je suis une des seules femmes dans la rue. Leur condition est assez peu reluisante et elles sont bien souvent confinees a l'interieur. Mais ce n'est pas la seule explication. Le rapport homme-femme est de 933 femmes pour 1 000 hommes, resultat de l'infanticide. Donner naissance a une fille coute cher, a cause de la dote a constituer pour son futur mariage; par ailleurs, de nombreuses femmes sont brulees ou torturees par leur belle-famille si leur dote n'est pas suffisamment elevee.

A l'hotel, j'opte pour une deluxe room avec tele, qui n'a de luxueuse que le nom. Vite oubliee, la vie sans electricite de Gokarna. C'est la premiere fois depuis longtemps que j'ai une chambre en "dur" avec ma propre salle de bain, ce qui me donne l'impression de dormir dans un palace. Mais finalement, je regretterai vite le charme et la simplicite de Gokarna.

Pour la premiere fois depuis plusieurs semaines, je me vois dans le miroir et decouvre l'ampleur des degats. J'ai le visage noir de poussiere et mes cheveux tiennent tous seuls. Cinq jours de lavage sommaire a l'eau sale plus 15 heures de bus, ca laisse forcement des traces.

Pour une grande ville, Mysore n'est pas si desagreable. La ville est surtout connue pour son beau palais du Maharaja, a la deco un peu kitsch dans certaines salles, son bois de santal et ses encens. Le celebre marche couvert s'avere finalement assez decevant et moins colore qu'annonce.

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Je decide de m'amuser un peu. Premiers vises : ces satanes chauffeurs de rickshaws, a qui je demande maintenant de me deposer au Mexique, a New York ou a Katmandou lorsqu'ils me harcelent. C'est la qu'on se rend compte qu'ils n'ecoutent rien a ce qu'on dit/ne comprennent rien, puisque tous me font signe de monter sans ciller. Autre petit jeu amusant : changer d'identite. Je viens tour a tour du Japon, d'Islande ou de l'Antartique, mon prefere ("Oh, good country, good country"...)...

Je fais connaissance avec Vincent, un Allemand qui parcourt l'Inde pendant deux mois. Se promener dans la rue avec quelqu'un du sexe oppose change tout. C'est a lui qu'on s'adresse en premier, a lui qu'on remet l'addition au restaurant. Il mesure presque 2 m et attire tous les regards, ce qui n'est pas pour me deplaire. Bref, je me balade beaucoup plus sereinement que d'habitude, avec la quasi-impression d'avoir un garde du corps. Ici, il y a tres peu de mixite. Dans les bus, les sieges situes a l'avant sont souvent reserves aux femmes ("ladies only") et elles preferent parfois rester debout plutot que s'asseoir pres d'un homme qu'elles ne connaissent pas. Les Indiens que nous rencontrons pensent donc que nous sommes maries, ce qui m'evite de raconter des bobards au sujet de mon mari.

Le clou de mon passage a Mysore restera sans doute Doom 2, un navet bollywoodien, le carton du moment. Voir un Bollywood en Inde est une experience inoubliable qui vaut autant pour le film que pour l'ambiance dans la salle. Le film dure trois heures et est ponctue de choregraphies dignes de celles de la Star Ac' toutes les trente minutes. Lorsque le heros fait son apparition, les spectateurs se mettent a hurler et a siffler. Quand la spendide Aishwarya Rai, ancienne Miss Univers, apparait a l'ecran, ils sont en transe. Et pendant la scene de baiser, c'est la crise cardiaque. Sans oublier les portables qui sonnent... La prochaine fois, j'emmenerai mes boules Quies. Le film est aussi mauvais que divertissant et je sors de la salle enchantee par l'experience, que je compte bien renouveller.

Noel en tongues

Je quitte Mysore quelques jours avant Noel. 15 heures et 3 paquets de cookies plus tard, je debarque a Kochi, dans le Kerala. Comme mon hotel a des chambres libres pendant les fetes, je change mes plans et decide de rester la au lieu de descendre a Varkala. De plus, Ellen et Andy devraient arriver dans quelques jours et ca serait dommage de les rater sous pretexte de passer Noel sur la plage.

Nouvel Etat, nouveau decor, nouvelle ambiance. Lors du trajet en bus, j'ai pu constater que le Kerala est une region a la vegetation tres luxuriante. Cocoteraies, rizieres et canaux constituent l'essentiel du paysage cotier. Le Kerala est repute pour sa douceur de vivre et la gentillesse de ses habitants. C'est egalement l'Etat le plus riche de l'Union, et c'est tres palpable a Kochi - plus precisement, Fort Cochin, la ou j'ai pris mes quartiers - ou les rues sont bordees de demeures cossues.

Comme je reviendrai dans quelques temps avec les filles, je decide de ne pas en faire trop (la continuation de ces dernieres semaines). Fort Cochin est agreable et relax, malgre la presence des eternels rabatteurs. Fidele a moi-meme, je commence mes courses de Noel le 23 decembre. En fait, je ne sais pas ce qui est pire : faire ses achats a la Fnac des Halles le 24 decembre ou bien avoir affaire aux sangsues-arnaqueuses qui font office de vendeurs. Je ressors des boutiques avec plus de cadeaux pour moi-meme que pour ma famille.

Le samedi soir, je retrouve Ellen et Andy, qui viennent d'arriver. Ca me fait plaisir de celebrer Noel avec eux. Nous passons la journee suivante ensemble, a nous balader dans la ville. Mais une fois qu'on a vu la cathedrale, la basilique, les filets chinois et le quartier juif, il n'y a plus grand-chose a faire.

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Noel au soleil, loin de sa famille, sans cadeaux sous le sapin, sans dinde et sans chocolats, ce n'est pas vraiment Noel. Mais passer les fetes en tongues, perso, je trouve ca super classe. Nous allons diner en terrasse, non loin des celebres filets de peche chinois. Au menu, des chicken pakora (sorte de beignets), des masala prawns et un dessert au chocolat, le tout arrose de biere servie dans une theiere et des mugs (la plupart des restaurants n'ont pas de license et contournent la loi avec les moyens du bord...). Moins bon que les petits plats mitonnes par ma mamie, mais largement meilleur que la "nourriture" servie a Varkala (cf prochain message). Des enfants viennent nous chanter des chants de Noel. Je n'ai pas precise que le Kerala compte beaucoup de Chretiens et qu'il y a donc pas mal de celebrations.  D'ailleurs, pour la premiere fois de ma vie, je mettrai furtivement les pieds a la messe de minuit.

Le 25, Ellen et Andy viennent me chercher a l'hotel et m'offrent un gommage, suite a une de nos discussions au sujet de nos etats de salete respectifs. Comme d'hab, nous trainons et n'avons pas le temps de louer des velos pour faire la balade prevue. Comme en Europe, nous passons la journee a manger (specialites du Kerala le midi, pseudo-italiennes le soir). Le soir, nous assistons a un spectacle de kathakali, danse typique du Kerala, d'ailleurs plus proche du theatre que de la danse.

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Le lendemain de Noel, je quitte Kochi pour Varkala. Plus que quelques jours avant mes retrouvailles avec Gaelle et Geraldine, qui ne sont pas pres d'oublier leur premiere journee en Inde...

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Commentaires
G
Moi aussi je lis avec plaisir la suite de tes aventures, et j'ai aussi hâte de voir ce qui se passe après... même en ayant vécu ces moments en ta compagnie ! Raconté par toi... ça aura encore plus de saveur ! Take care, darling !
L
C'était un peu long d'attendre de tes nouvelles depuis ton dernier message et je commençais un peu à m'inquiéter... Mais bon, c'est toujours autant un plaisir de lire tes drôles d'aventures.<br /> J'attends avec impatience de voir le résumé de tes péripéties avec Gaelle et Géraldine.<br /> Take care<br /> XXXX<br /> <br /> Lorène
En vadrouille sur le sous-continent indien
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